Le 29 juin les lecteurs de plusieurs journaux européens à grand tirage que l’on peut qualifier de conservateurs, tels le Figaro et le journal espagnol ABC, découvrent sur une page complète un publi-communiqué signé par Orbán. Il constate que l’UE est en train de devenir un super-état, une sorte d’empire. Il réclame que les décisions européennes soient prises par des dirigeants élus et non par des ONG. Il affirme que les plus grands défis de la décennie qui vient seront les migrations et les pandémies. Il déclare que le Parlement européen est une voie sans issue car il ne représente que ses propres intérêts idéologiques, qu’il faut donc renforcer le rôle des parlements nationaux. Enfin, bien que cela pas très lié à ce qui précède, il demande que la Serbie soit admise dans l’UE. Il est à noter que certains journaux conservateurs ont refusé de publier cette publicité. C’est au moins le cas pour la Libre Belgique et De Standaard qui ont informé les lecteurs de leur refus.

Le 15 juin le parlement hongrois vote, à une très large majorité puisque le Jobbik s’est joint au FIDESZ, une loi sur la protection des mineurs. Elle s’intéresse en tout premier lieu à la pédophilie en durcissant les sanctions, en créant un registre des pédophiles consultable par le public et en interdisant certains emplois aux pédophiles ayant purgé leur peine. Elle interdit aussi les productions pornographiques pour les mineurs ainsi que la mise à disposition des jeunes de documents scolaires encourageant l’homosexualité, le changement de sexe et les diverses déviations sexuelles. Cette dernière règle concerne aussi la publicité qui ne pourra plus mettre en scène des groupes d’homosexuels pour promouvoir des produits susceptibles d’être consommés ou utilisés par des mineurs. L’opposition, privée du Jobbik, crie au scandale. Elle estime que sous couvert de la lutte contre la pédocriminalité le gouvernement stigmatise les homosexuels et les transgenres et en appelle à l’UE. La présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen répond que cette loi est une honte. le premier ministre libéral belge, Alexander de Croo, la qualifie de primitive. Le 1^er ministre hollandais Mark Rutte va plus loin, affirmant que la Hongrie n’a plus sa place dans l’UE.

Le 8 juin, dans le cadre du championnat d’Europe de football, un match amical opposant l’Irlande à la Hongrie est organisé à Budapest dans un stade bondé de spectateurs, vaccinés ou porteur d’un test négatif à la covid. Avant le lancement du ballon les joueurs irlandais mettent un genou à terre en hommage au mouvement Black lives matter, sous les huées du public. Les joueurs hongrois restent debout. Interrogé à ce sujet quelques jours plus tard Orbán fustigera les athlètes qui s’agenouillent, déclarant que les Hongrois ne s’agenouillent que devant Dieu, la mère patrie ou lorsqu’ils demandent en mariage leur dulcinée.

Le 2 juin la municipalité de Budapest renomme les rues entourant un terrain en friche de 50 hectares destiné à accueillir une annexe de l’université chinoise Fudan de Shanghai aux noms de rue du Dalaï Lama, rue des martyrs ouïghours, ou encore rue de la liberté de Hong Kong. Fin avril le gouvernement hongrois avait donné son accord à l’implantation de cette université dont le coût est estimé à 1,5 milliards d’euros et obtenu pour cela un financement de la Chine. Le Département d’État américain s’était immédiatement alarmé de ce que la Chine se serve de Fudan comme d’un marchepied pour étendre son influence en Europe. La municipalité d’opposition avait alors déclaré qu’elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour entraver l’implantation de cette antenne qui pourrait accueillir 6 000 étudiants en médecine, économie, relations internationales et sciences techniques. Les autorités chinoises ont réagi, jugeant déplorable cette débaptisation de rues qui n’a pour but que de dégrader les relations sino-hongroises. Quelques jours plus tard, à l’appel de l’opposition, quelques milliers de personnes manifestent à Budapest contre cette université, vraisemblablement les mêmes qui manifestaient il y a quelques mois contre la fermeture de la CEU, université d’Europe centrale financée par le spéculateur milliardaire Soros.